Sur insta, ce partage à suscité beaucoup de retours
Je ne raconte pas ma vie pour la raconter, j’espère vraiment que mes partages soient profitables
Une de mes filles est en primaire, et je l’accompagnais dans un exercice de géométrie
Je recontextualise déjà comment est-ce qu’on travaille
On fonctionne sur la pédagogie de projet, après de longues discussions pour soulever les motivations intrinsèques
D’ailleurs, j’au eu une conversation hier avec une femme qui se forme aux 6-12 ans en individuelle pro avec moi, et je disais que le 6-12 a fort besoin de SAVOIR de quoi il s’agit (au niveau du travail qu’on lui demande) de raccorder ça à un sens, une vision à long terme de ce que ça pourra lui apporter, pour ensuite descendre ce SAVOIR au niveau de son ÊTRE pour ressentir cette motivation intrinsèque qui engendre donc la conséquence de SAVOIR FAIRE
Sauf que…
Dans l’encodage collectif, tu t’assois, tu fais tes exercices, point.
ça n’a pas marché pour moi, donc je me refuse de reproduire ça
Bref tout ça pour arriver à ce fameux moment où elle se pose faire ses exercices de géométrie qu’elle a consentie et accepte de faire justement suite à une programmation basé sur ses projets à elle
Je te raconte le avant, pour que tu saisisses qu’elle est ma posture dans l’histoire
Elle est la suivante: accompagnante et surement pas sauteuse ou bourreaux. ça m’intéresse pas ni d’être une assistante qui crée des enfants assistés ni d’être un bourreau qui crée des enfants dépendant de moi
Je les invite donc à prendre leur responsabilité dans leur projet
Un moment donné elle s’acharne et dit » olalala j’arrive pas!! »
Donc à plusieurs reprise, je lui dit c’est pas grave tu peux recommencer autant de fois que tu veux y’a personne qui va te juger ou t’évaluer on prend le temps
Et elle souffle me redit « mais j’arrive pas olalalala et elle souffle »
Je suis humaine et de plus il y a la relation affective qui complexifie ce rapport d’accompagnante…
Et tu connais ce fameux moment où tu prends sur toi, tu ravales un peu tes émotions pour une énième tentative dans laquelle je dis « ok regarde je vais te montrer pas à pas comment reproduire ta figure… »
Enfin, je n’ai même pas pu finir cette phrase qu’elle me coupe et qu’elle me dise » non mais c’est bon j’arrive pas j’arrive pas j’ai déjà fait comme ça .. »
C’est monté vif quand elle m’a coupé la parole et qu’elle a déversé son stress sur moi
La subtilité ici que j’aimerais faire saisir c’est pas tant un enfant stressé par le fait qu’il n’y arrive pas
C’est la posture de l’enfant envers un adulte qui est là pour l’accompagner + le fait qu’elle me coupe la parole en sachant que elle quand on lui coupe la parole elle n’accepte pas
J’ai envie de partager ça parce que au delà de faire l’école à la maison, de soutenir nos enfants scolarisés y’a tout ces aspects de valeurs qui ne sont pas traités ou du moins, moins pris en considération comme si que réussir ses exercices est plus important que l’éducation comportementale
Je m’explique
Dans le contexte de: je prends le temps de discuter avec toi, de donner du sens aux choses, de trouver un projet qui t’anime, de répondre à tes appels d’aide pour t’aider à y arriver…
et aussi Lorsque tu fais appel à moi parce que une de tes soeurs te coupe la parole et que tu réclame justice
Je te montre par le fait que je sois fâchée que moi aussi j’ai mes limites que tu n’es pas en droit de transgresser. Je refuse de t’aider et t’accompagner dans ces conditions dans lesquelles tu me déverses tes émotions (même si je prends en compte que son cerveau est encore en cours de maturité le fait de communiquer ainsi l’aide d’avantage à prendre du recul sur la scène et voir qu’on ne peut pas obtenir de l’aide en se comportant de cette manière)
J’ai haussé le ton en lui montrant à quel point parler ainsi peut démotiver une personne à venir l’aider
Et je suis partie… en disant » je refuse de t’aider parce que c’est pas parce que je suis ta mère que t’es en droit de me parler comme ça «
Suis moi je te fuis
Fuis moi je te suis
Elle est revenue s’excuser et a demander à ce que je revienne l’aider
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Est-ce que se former veut dire ne plus jamais se fâcher?
Est-ce que être experte en comportement des enfants veut dire ne plus crier?
Est-ce que être pédagogie veut dire ne plus rien ressentir?
J’ai eu énormément de mal à l’époque où j’essayais de comprendre pourquoi j’avais des crises aussi virulentes pour ce que je considérais comme « des broutilles »
En réalité, c’est beaucoup plus profond que des « broutilles » lorsque l’enfant fait quelque chose qui nous pique et que ça enclenche en nous des réactions fortes
C’est à partir de cette prise de conscience que tout à changé pour moi, je ne me jugeais plus, je me comprenais, et je pouvais enfin poser des mots sur ce que ça venait réveiller en moi
La relation affective rend les choses beaucoup plus complexe car un enseignant peut avoir plus de neutralité face à un enfant
Mais lorsque c’est le notre, les réactions sont décuplés et malheureusement on se permet beaucoup plus de choses
J’ai très vite compris que je ne pouvais pas instruire et éduquer dans ces conditions
J’ai donc entamer une profonde étude en psychologie qui m’a permis de mettre en lumière une panoplie de solutions
La plus puissante est celle d’identifier ce que ça vient réveiller en nous
Puis d’en parler à l’enfant
ça a 2 effets:
1) l’enfant ressent de la compassion pour nous et se met hors jeu, ça le préserve et il ressent qu’il n’a rien à voir dans nos réactions
2) l’enfant comprend qu’il y a un enjeu d’interdépendance et qu’il a tout intérêt à développer son empathie pour vivre dans des règles de respect communes
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est-ce que ça te parle?
Fraternellement
Aziza